Pas de conquêtes sociales sans libertés syndicales !

Philippe Martinez
Philippe MartinezSecrétaire Général de la CGT

Ce slogan de la CGT prend tout son sens face à la répression que subissent des militant.es et des élu.es CGT dans les entreprises et les services.

Le cas d’Alex à la RATP au dépôt de bus de Vitry est particulièrement révélateur de cette situation. Après lui avoir reproché d’avoir animé la mobilisation et la grève contre une « contre-réforme » des retraites du gouvernement PHILIPPE-MACRON, sa direction le condamne par une révocation pour avoir été aux côtés de ses collègues pendant la crise sanitaire en veillant à leur santé et leur sécurité.

Alex a agi durant l’hiver comme des centaines de milliers de salarié.es, de retraité.es, de jeunes contre une réforme injuste et discriminatoire. Il était au diapason avec une large majorité de la population comme l’indiquait tous les sondages d’opinion. Alex a joué son rôle de représentant des salarié.es pendant et après le confinement comme des centaines de délégué.es pour que la santé des salarié.es soit préservée.

On voit dans cette affaire les limites de la communication du gouvernement sur le nécessaire dialogue social. Le dialogue social, ça ne peut pas être : « je décide, tu exécutes sinon tu dégages ».

Le respect des libertés et de l’action syndicale, n’est pas une simple opposition entre la CGT et une direction d’entreprise ou le gouvernement. C’est bien l’affaire de toutes et de tous pour préserver notre droit d’agir, de contester et de proposer des alternatives économiques et sociales à tous les niveaux de la société.

Le respect des libertés et de l’action syndicale, c’est bien une question de démocratie tout simplement et cela concerne tous les salarié.es, tou.tes les citoyen.nes.

Je me félicite du large mouvement de soutien et de solidarité autour d’Alex.

Cette mobilisation doit se poursuivre jusqu’à sa réintégration.

Florence Touitou
Florence TouitouProfesseure au collège

Grâce à Alex, une rencontre entre deux mondes

Contre l’inique projet de réforme des retraites de Macron et parmi tant d’autres corporations, les profs étaient très en colère.

Nouveau coup de massue sur notre profession déjà durement frappée par de multiples réformes, nombre d’entre nous étions en grève, parfois reconductible et active pour beaucoup. Nous retrouvions les autres secteurs en lutte, RATP en tête. Aux dépôts, la police surveillait la sortie ponctuée des bus et appelait ces rassemblements des « blocages filtrants ». Grévistes et soutiens extérieurs se découvraient mais faisaient les mêmes constats : ce gouvernement libéral poursuit le saccage accéléré des Services publics et du droit des travailleurs !

A Vitry, nous avons rencontré Alex, un camarade courageux, responsable, de raison et de dialogue. Tous les matins, il trouvait les mots pour expliquer à ses collègues ce que cette réforme impliquait. Tous les matins, il faisait face avec calme aux provocations du directeur du dépôt et de son RH, dont nous avons été les témoins choqué·e·s et que la police a parfois dû réfréner. Tous les matins, Alex passait des uns aux autres pour s’assurer que tout se passe bien, canalisait certaines ardeurs si nécessaire, notamment quand les CRS nous délogeaient sans difficulté. Tous les matins, depuis le brasero des grévistes, Alex observait de loin, surpris par notre détermination. Elle faisait écho à celle d’un dépôt dont la mobilisation dans la grève était exemplaire.

Et jamais aucun matin, une infraction n’a été relevée contre Alex par la police ou les huissiers.

C’est pourquoi je ne comprends toujours pas les accusations à son encontre mais elles nous soudent. Comme soutiens extérieurs, nous étions pleinement responsables des actions menées, héritières d’une tradition militante séculaire. Pour le moment, nos efforts conjugués ont contribué à bloquer le train infernal de cette réforme des retraites, rejetée par deux tiers des Français. Au-delà de notre département et d’un engagement infaillible auprès de ses collègues, Alex a permis un trait d’union, réel, entre nos corporations. Pour ça, sa digne défense d’une souveraineté populaire rognée de toutes parts et pour son attitude irréprochable, il a tout notre respect et notre soutien.

Depuis quand ne peut-on plus jouir de ses droits fondamentaux ? Déjà scandalisé·e·s par les sanctions contre Yassine, Patrick et François, la révocation d’un responsable syndical de cette importance sur un dossier vide ou mensonger serait pour nous un acte arbitraire très grave. à la direction générale de la RATP et au Ministère du travail, nous disons ceci : pour le droit des travailleurs et pour ce que dira cette décision de l’état de nos libertés, Alex ne doit pas être révoqué.

Yacine, François et Patrick
Militants CGT du dépôt RATP BUS de Vitry-sur-Seine
Philippe Martinez au dépôt RATP Bus de Vitry en soutien aux grévistes du dépôt menacés de sanctions.

Episode 1 de l’acharnement : Les grèves contre la réforme des retraites au dépôt bus de Vitry !

La direction de la RATP reproche à Alex son rôle supposé dans les blocages et filtrages du dépôt de bus de Vitry, entre décembre 2019 et février 2020. Faut-il rappeler que la contestation multiforme contre ce projet de loi était portée par la CGT tout entière, mais aussi par d’autres syndicats (FO, SUD, FSU), avec le soutien de deux français.es sur trois. Un mouvement si massif qu’aujourd’hui, avec la pandémie, le gouvernement n’ose pas remettre son projet infâme. De fait, les grèves et les blocages ont été organisés par des centaines d’agents et de salarié.es venu.es sur le site de Vitry, de tous les secteurs professionnels (enseignant.es, agents SNCF, agents ERDF ou Enedis, personnels de santé, salarié.es du privé…)

Pourquoi dès lors pointer Alex ?

Aucun constat d’huissier ne l’identifie sur une action illégale ! Les forces de l’ordre étaient présentes sur chaque opération de grève. Pourquoi ne l’ont-elles ni interpellé ni identifié puis convoqué après coup, si son comportement n’était pas dans les clous ? Les chiffres de la direction elle-même pointent 540 constats d’huissiers commandés par elle-même : 120 de ces constats décrivent des actions passibles de sanctions, selon les critères de la hiérarchie de la RATP. Pourtant seuls six agents de la RATP furent déférés devant le conseil de discipline ! Et les six sont des cégétistes, dont Alex qui écope de la pire sanction : la révocation !

Pourquoi ? Est-ce un hasard ? Non.

C’est juste que lorsqu’on attaque les droits des travailleuses et travailleurs, il faut d’abord neutraliser et donc attaquer celles et ceux qui organisent la mobilisation et la lutte ! Les cégétistes sont ciblés en tant que porteurs d’un syndicalisme offensif et sans concession, efficace pour riposter et endiguer la régression sociale. Mais la vérité c’est que la direction n’a rien dans sa besace pour justifier les sanctions contre Alex, dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.

Cette sanction est frappée du sceau de l’arbitraire et de l’acharnement.

Mobilisation devant le dépôt RATP Bus de Vitry-sur-Seine
Le 3 Février 2020
L’interpro mobilisée autour d’Alex.

Episode 2 de l’acharnement : la permanence syndicale du 26 mai !

Cet épisode distingue Alex de ses autres camarades CGT de Vitry sur l’acharnement anti syndical. Il est le seul à être mis en cause autour de cette permanence syndicale du 26 mai. C’est cet incident qui explique aux yeux de la direction que la sanction la plus lourde frappe Alex.

Observons ce qui lui est reproché.

D’abord il y a un souci dans les témoignages à charge contre lui. Puisqu’on fait témoigner sur les faits, des personnels d’encadrement absents des lieux au moment de la scène. A moins d’avoir don d’ubiquité ou de divination, on s’interroge sur la pertinence de ces témoins dont on imagine aisément l’indépendance farouche par rapport à leur hiérarchie. Ensuite, les cadres témoins des faits se contredisent entre eux ! C’est le pompon : les accusations sont étayées sur les observations des absents et de ceux qui n’ont pas vu la même chose ! On reproche de plus à Alex de n’avoir pas respecté les gestes barrières contre la Covid. Tiens donc ! Pourtant la permanence CGT impulsée par Alex, ce 26 mai, a établi la limite de 25 personnes, conformément à la superficie des locaux accueillant la permanence, avec du gel hydroalcoolique à l’entrée et des lingettes. C’est d’autant plus croustillant que des photos attestent que la direction ne se préoccupe que peu des mesures sanitaires, tant sur le port du masque que sur les gestes barrières du site et notamment les agents de maitrises RH qui ne portent pas de masque, en période de crise sanitaire et pour certains, au moment des faits ! Sans doute que la direction de la RATP s’imagine que plus c’est gros, plus ça passe.

Mais le plus grave, c’est le non-respect du droit syndical.

La direction du site, soutenue par celle de la RATP, estime qu’Alex n’avait pas à assurer une permanence syndicale lors de la pandémie. Alors que le déconfinement datait du 11 mai, soit quinze jours avant la permanence…

Où est l’arrêt du Conseil d’Etat, confinant ou restreignant ainsi l’activité syndicale ? Il n’existe pas !

Et pour cause ! Il serait contraire à tous les statuts et à toutes les dispositions de l’OIT (organisation internationale du travail, émanation de l’ONU) et placerait la France au box des pires dictatures liberticides. C’est bien entendu un insupportable délit d’entrave sur l’activité syndicale ! On nie aux agents de la RATP le droit à une activité syndicale fin mai, alors même qu’ils sont en première ligne, avec les risques sanitaires, pour transporter les salarié.es dans des transports en commun, réputés pour être des foyers de contamination particulièrement caractérisés. On mesure la contradiction avec le discours macroniste sur les égards à avoir pour les « premiers de cordée ».

Et là aussi que reproche-t-on à Alex ? Sinon d’être un syndicaliste CGT particulièrement près des préoccupations des salarié.es.